(L'Equipe)

Femmes d'actions

Une femme à la tête d'un Grand club d'Afrique, qui l'eût cru ? C'est fait pourtant, alors que se profile la première Ligue des championnes du continent dans quelques mois. Oui, les femmes font bouger les lignes en Afrique.

C’est arrivé hier, à Kinshasa, capitale de la RDC : la Congolaise Bestine Kazadi a été élue à la tête de l’AS Vita Club, un ancien champion d’Afrique (1973), où elle succède au Général Gabriel Amisi. Cette avocate s’est imposée avec 38 voix exprimées en sa faveur sur un total de 72. Conseillère spéciale du président de la République Félix Tshisekedi pour la coopération et fille d’un ancien haut dirigeant des «Dauphins Noirs», elle est devenue du même coup la première femme à présider ce grand club africain, qui joue régulièrement la Ligue des champions et travaille à son développement, notamment en matière de formation. Avant elle, d’autres noms accréditent l’ascension des femmes dans la hiérarchie du football africain. On pense évidemment à la Burundaise Lydia Nsekera, présidente d’un club (Lydia Ludic) devenue ensuite première femme présidente d’une Fédération africaine (2004-13) puis membre du ComEx de la FIFA avant d’intégrer le CIO. L’élection de Madame Bestine Kazadi intervient au moment même où la Confédération africaine vient d’annoncer la création d’une Ligue des championnes… qui coïncide, hélas, avec l’annulation de la CAN féminine édition 2020, programmée en novembre-décembre mais qui était sans pays hôte et dont les éliminatoires n’avaient pas commencé...

La précédente CAN remontait à décembre 2018. Rendez-vous en 2022 (avec douze nations participantes) pour un tournoi qualificatif à la Coupe du monde 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande. Revenons cependant à la prochaine Ligue africaine des championnes. Une trentaine de pays (sur 54) disposent d’une compétition, d’un tournoi national féminin. Combien seront au départ de cette LDC inaugurale, quelle en sera la formule ? Par zones régionales ou un mini-tournoi ? Certaines nations phares engageront-elles plusieurs clubs ? Les interrogations liées à l’organisation sont nombreuses, et la CAF doit encore préciser les choses, notamment sur le plan financier. La Coupe du monde 2019 en France, avec les prestations de l’Afrique du Sud, mais surtout du Nigeria et du Cameroun, a confirmé les progrès des nations africaines en matière de football de haut niveau. Mais il reste encore beaucoup à accomplir localement, malgré le travail inlassable de certaines techniciennes. On citera l’Ivoirienne Clémentine Touré, entraîneur d’élite et instructrice FIFA. Une femme d’actions, s’il en est, et qui doit certainement se réjouir de la création de la Ligue des championnes féminine, alors que son pays ne dispose pas d’un authentique Championnat national…

Frank Simon