(L'Equipe)

Le temps des palabres

Même si la grande majorité des compétitions nationales (et internationales) sont à l'arrêt sur le continent, le football occupe plus que jamais une place d'honneur dans les discussions, qu'il s'agisse des médias ou du grand public. Et les sujets sensibles ne manquent pas...

Commençons par celui qui agite toute la Côte d’Ivoire et même la sous-région, l’Afrique de l’ouest. Désireux de présenter sa candidature à la présidence de la Fédération (FIF) dont l’élection est prévue le 5 septembre, Didier Drogba est bien parti pour ne pas déposer un dossier complet. Outre les parrainages obligatoires de clubs de D1, D2 et D3, le «Dahizoko» national devait absolument bénéficier du soutien de l’un des cinq groupements d’intérêts appelés à voter. Il y a quelques jours, l’AFI, le syndicat des joueurs ivoiriens dont il est vice-président, a choisi une autre personnalité que Drogba : Idriss Diallo, candidat comme Sory Diabaté. Un choix très critiqué par la FIFPRO-Afrique, emmenée par Geremi Njitap (ex-coéquipier de Drogba à Chelsea) qui n’apprécie pas que l’AFI - sa section ivoirienne - ait opté pour quelqu’un d’autre que DD11… Drogba, dont la personne a cristallisé pas mal de critiques - au choix, sur son manque de communication, son programme, sa personnalité, etc…-, va-t-il devoir renoncer, si son dossier est incomplet ? À Abidjan et ailleurs, on cause en attendant d’entendre Drogba s’exprimer. Peut-être. Et on redoute qu’il choisisse des «canaux» occidentaux plutôt qu’ivoiriens. Autre dossier chaud, du côté du Cameroun.

Il y a quelques jours, on s’en souvient, la CAF a décidé de reporter d’un an - en juillet 2022 - la Coupe d’Afrique des Nations déjà décalée de 2019 à 2021. Décision liée à la pandémie de Covid-19, le CHAN (la CAN des joueurs locaux, également confiée au Cameroun) a elle aussi été décalée, d’avril 2020 à janvier 2021. Histoire de tester les infrastructures bâties ou rénovées pour la CAN. Il y a quelques mois, la CAF a également invité les fédérations à candidater pour abriter la finale des deux coupes des clubs, désormais disputées sur un match. Au Maroc (Rabat), la Coupe de la Confédération. Le Cameroun, et l’enceinte fraîchement terminée de Japoma (Douala), la Ligue des champions. Mais le Covid-19 est passé par là. Il y a quelques jours, les autorités camerounaises ont annoncé que le pays renonçait au «tour final» (demi-finales et finale, soit trois rencontres), une nouvelle formule inventée pour terminer les deux compétitions de clubs. Le Maroc a confirmé, lui, pour la Coupe de la Confédération.

Des thèmes qui passionnent aujourd'hui les passionnés africains, entre autres palabres

Depuis, on entend et on lit tout et son contraire. Un tour final de Ligue des champions hors d’Afrique, par exemple, dans un pays du Golfe. Il est vrai que la CAF a organisé les deux dernières éditions de la Supercoupe au Qatar. La Tunisie se tiendrait prête, l’Egypte - où siège la CAF depuis 1957 - aussi. D’autres y songent, certainement. Peut-être au Rwanda ou en Tanzanie ? Le Cameroun, lui, continue de s’interroger sur cette décision qui le prive de l’apothéose de la LDC 2020, qui rassemble deux clubs égyptiens (Ahly, Zamalek) et deux marocains (Wydad, Raja). Voilà donc deux des thèmes qui passionnent aujourd’hui les passionnés africains, entre autres palabres. Qui pourraient aussi se déchirer sur l’annulation par la CAF des récompenses annuelles du football africain (CAF awards) en janvier 2021, ou bien débattre de la décision de l’instance d’annuler purement et simplement la CAN féminine prévue cette année. Une décision très critiquée un peu partout, et qui fait place au lancement d’une Ligue des champions féminine en Afrique, décision qui ne fait pas l’unanimité sur le continent où les compétitions nationales féminines sont rares. Pour l’instant…

Frank Simon

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